Comment qualifier une promesse d'embauche ?

Francois Hagege
Fondateur
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La Promesse d'embauche en droit du travail

La distinction entre une promesse d'embauche et une offre d'emploi est un aspect essentiel du droit du travail français, souvent source de confusion pour les employeurs et les candidats.

Cet article vise à clarifier les différences fondamentales entre ces deux formes d'engagement précontractuel, leurs implications juridiques, et les droits des salariés en cas de rétractation de la promesse par l'employeur.

En s'appuyant sur la jurisprudence récente et les dispositions légales pertinentes, nous explorerons comment ces engagements impactent la relation entre employeur et employé, et quelles protections le droit offre aux parties impliquées.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Qu'est-ce qu'une promesse d'embauche ?
  3. Distinction entre promesse d’embauche et offre d’emploi
  4. Conséquences de la révocation d'une promesse d'embauche
  5. Droits du salarié en cas de rétractation de la promesse par l'employeur
  6. FAQ

Qu'est-ce qu'une promesse d'embauche ?

La notion de promesse d'embauche, telle que définie par la jurisprudence française, repose sur la formalisation d'un engagement de l'employeur envers le futur salarié.

Cette formalisation doit contenir des informations précises pour être considérée comme valide :

  1. Description de l'emploi :
    Le document doit clairement indiquer la nature du poste proposé. Cette description aide à clarifier les attentes de l'employeur et du candidat, évitant ainsi des malentendus futurs sur les responsabilités du poste.
  2. Rémunération :
    La promesse doit spécifier le montant de la rémunération et les modalités de son versement (salaire de base, bonus éventuels, avantages en nature, etc.).
    Cette transparence est importante car elle impacte directement la décision du candidat et garantit qu'il y a un accord clair sur les termes financiers.
  3. Date d'entrée en fonction :
    Il est essentiel que la promesse mentionne quand le candidat est attendu pour commencer à travailler.
    Cette date fixe un cadre temporel pour l'engagement des deux parties.

L’arrêt du 15 décembre 2010 souligne l'importance de ces éléments en affirmant qu'en leur absence, l'écrit ne peut pas être considéré comme une promesse d'embauche valide.

Cette décision cadre la notion de promesse d'embauche dans un contexte légal strict où chaque terme du contrat doit être explicite pour éviter tout litige futur.

Conséquences juridiques d'une promesse d'embauche

Lorsqu'une promesse d'embauche est émise conformément à ces critères, elle lie juridiquement l'employeur.

Cela signifie que si l'employeur décide ensuite de se rétracter sans motifs légitimes (par exemple, récession économique inattendue, faillite, etc.), le candidat a le droit de revendiquer une compensation pour rupture de contrat.

Cette compensation peut inclure des dommages-intérêts pour perte de salaire et, dans certains cas, pour préjudice moral si le retrait de la promesse cause un tort significatif à la réputation professionnelle du candidat.

Ainsi, une promesse d’embauche, loin d’être un simple pré-accord, est un contrat engageant nécessitant une réflexion approfondie et une communication transparente entre les parties pour éviter les conflits et assurer une relation de travail harmonieuse dès le début.

Distinction entre promesse d’embauche et offre d’emploi

L'arrêt de la Cour de Cassation du 21 septembre 2017 établit une distinction importante entre la promesse d'embauche et l'offre d'emploi, éléments fondamentaux du droit du travail français.

Offre d'emploi

Une offre d'emploi constitue une proposition de travail qui n'engage l'employeur que si elle est acceptée par le candidat.

Cette offre doit préciser les conditions du poste, mais elle reste conditionnelle : l'engagement de l'employeur ne devient ferme et définitif que lorsque le candidat accepte l'offre.

Jusqu'à cette acceptation, l'employeur peut révoquer l'offre sans encourir de conséquences juridiques majeures, à moins que la révocation ne soit faite de manière discriminatoire ou de mauvaise foi.

Promesse unilatérale de contrat de travail

La promesse unilatérale de contrat de travail, en revanche, est un engagement plus solide où l'employeur s'accorde à fournir un emploi spécifique à un candidat à une date future, avec des conditions de travail définies (emploi, rémunération, date d'entrée).

Ce type de promesse crée un droit pour le bénéficiaire de revendiquer le poste promis.

La rétractation de cette promesse par l'employeur, après son acceptation par le bénéficiaire, est considérée juridiquement comme abusive et peut entraîner des conséquences légales importantes pour l'employeur.

Conséquences de la révocation d'une promesse d'embauche

La révocation d'une promesse d'embauche est un sujet complexe traité sous différents angles dans la jurisprudence française.

Révocation avant acceptation

Selon l'article 1124 du Code Civil, la révocation d'une promesse d'embauche avant que le bénéficiaire n'ait accepté ne bloque pas la formation du contrat de travail.

Cela signifie que si le bénéficiaire a déjà accepté la promesse avant la révocation, l'employeur pourrait être tenu de respecter le contrat ou de payer des dommages-intérêts pour rupture abusive de l'engagement.

Révocation après acceptation

Si l'employeur se rétracte après l'acceptation par le candidat, cette action est assimilée à un licenciement.

Dans ce cas, le licenciement doit être justifié par des causes réelles et sérieuses.

Si aucun motif valable n'est présenté, le licenciement sera considéré sans cause réelle et sérieuse, exposant l'employeur à des sanctions telles que l'obligation de payer des indemnités pour licenciement abusif.

Ces distinctions sont essentielles pour les employeurs et les candidats, car elles définissent les droits et les obligations de chacun avant l'entrée en fonction effective.

Comprendre ces nuances aide à éviter des litiges coûteux et à maintenir des relations de travail harmonieuses.

Droits du salarié en cas de rétractation de la promesse par l'employeur

Lorsque l'employeur décide de se rétracter après que le candidat ait accepté une promesse d'embauche mais avant que le travail n'ait commencé, cela crée une situation juridique complexe qui peut avoir plusieurs conséquences pour les deux parties.

Assimilation à un licenciement

La décision de la Cour de Cassation du 12 juillet 2006 est primordiale pour comprendre les droits du salarié dans ce contexte.

Cette décision stipule que la rétractation de l'employeur après l'acceptation de la promesse par le candidat peut être assimilée à un licenciement.

Cela signifie que le salarié a le droit de contester la décision de l'employeur et de réclamer des dommages-intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Indemnité de licenciement

Cependant, pour prétendre à une indemnité de licenciement, le salarié doit généralement justifier d'une ancienneté d'au moins huit mois selon l'article L1234-9 du Code du Travail.

Dans le cas spécifique de la rétractation d'une promesse d'embauche, le salarié n'ayant pas commencé à travailler, il est peu probable qu'il satisfasse à cette condition d'ancienneté.

Toutefois, des dispositions conventionnelles plus favorables peuvent s'appliquer, permettant ainsi au salarié d'obtenir une compensation même en l'absence de cette ancienneté minimale.

Indemnité de préavis

En ce qui concerne l'indemnité de préavis, prévue par l'article L1234-1 du Code du Travail, une ancienneté de trois mois est requise.

Cette condition peut également être difficile à satisfaire pour un salarié dont la promesse d'embauche a été révoquée avant le commencement du travail.

Par conséquent, à moins que des conditions plus favorables ne soient spécifiées dans la convention collective applicable, le salarié ne serait généralement pas éligible à cette indemnité de préavis.

Recours juridique et médiation

Dans de telles situations, il est souvent conseillé au salarié de rechercher une médiation ou un arbitrage avant d'engager des procédures judiciaires.

Les conseils de prud'hommes en France peuvent offrir une résolution plus rapide et moins coûteuse pour de tels litiges.

De plus, consulter un avocat spécialisé en droit du travail peut fournir au salarié une évaluation précise de ses droits et des meilleures stratégies à adopter pour défendre ses intérêts.

En résumé, bien que la rétractation d'une promesse d'embauche par l'employeur après son acceptation par le salarié puisse être vue comme un licenciement, les droits à compensation du salarié sont conditionnés par les exigences d'ancienneté et les dispositions conventionnelles, mettant en lumière l'importance de comprendre et de naviguer prudemment dans les méandres du droit du travail.

Conclusion

En conclusion, la distinction entre une promesse d'embauche et une offre d'emploi joue un rôle important dans la relation entre employeurs et employés en France.

Comprendre les implications juridiques de chaque type d'engagement précontractuel est essentiel pour naviguer efficacement dans le droit du travail et protéger les droits des parties impliquées.

Les employeurs doivent être particulièrement vigilants lors de la formulation de ces engagements pour éviter des litiges potentiels et garantir une relation de travail harmonieuse dès le début.

Pour les candidats et les employés, il est important de connaître leurs droits en cas de rétractation d'une promesse d'embauche, notamment en ce qui concerne les indemnités potentielles et les protections légales en cas de licenciement non justifié.

En s'armant de ces connaissances, tous les acteurs du marché du travail peuvent contribuer à un environnement professionnel plus juste et prévisible.

Si vous vous trouvez dans une situation où une promesse d'embauche a été révoquée et souhaitez explorer vos options légales, n’hésitez pas à contacter notre équipe.

FAQ

1. Quelle est la différence principale entre une promesse d'embauche et une offre d'emploi ?
La principale différence réside dans le niveau d'engagement de l'employeur. Une offre d'emploi est une proposition conditionnelle, qui ne devient définitive qu'avec l'acceptation du candidat. En revanche, une promesse d'embauche est un engagement plus ferme, où les détails du poste, de la rémunération et de la date de début sont fixés et l'employeur ne peut se rétracter une fois que le candidat a accepté les termes.

2. Que se passe-t-il si un employeur révoque une promesse d'embauche après son acceptation par le candidat ?
Lorsqu'un employeur révoque une promesse d'embauche après son acceptation par le candidat, cela est considéré comme un licenciement. Si ce licenciement n'est pas justifié par des causes réelles et sérieuses, il peut être jugé abusif, exposant l'employeur à des sanctions, notamment le paiement de dommages-intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.

3. Un salarié peut-il recevoir une indemnité de licenciement si la promesse d'embauche est révoquée ?
Un salarié peut prétendre à une indemnité de licenciement si sa promesse d'embauche est révoquée et qu'il justifie d'une ancienneté d'au moins 8 mois, selon l'article L1234-9 du Code du Travail. Toutefois, dans la plupart des cas de promesse d'embauche révoquée avant le début de l'emploi, cette condition d'ancienneté n'est pas remplie, sauf dispositions conventionnelles plus favorables.

4. Quels sont les droits d'un salarié si la promesse d'embauche est révoquée avant son acceptation ?
Si la promesse d'embauche est révoquée avant que le candidat n'ait accepté, l'employeur n'est généralement pas tenu de compenser le candidat, car l'engagement n'est pas encore devenu ferme. Cependant, si la rétractation est effectuée de manière discriminatoire ou de mauvaise foi, le candidat pourrait avoir des recours légaux.

5. Comment un salarié peut-il se protéger contre la révocation injuste d'une promesse d'embauche
Il est conseillé aux salariés de conserver toutes les communications écrites concernant la promesse d'embauche, y compris les e-mails et tout document formel. En cas de révocation, consulter un avocat spécialisé en droit du travail peut aider à évaluer les options légales et à engager, si nécessaire, une procédure devant les conseils de prud'hommes pour réclamer des dommages-intérêts pour licenciement abusif ou rupture abusive de contrat.

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