Licenciement en arrêt maladie : est-ce légal ?
Puis-je être licencié en arrêt maladie ?
Lorsqu’un salarié est en arrêt maladie, une question fréquente qui se pose est de savoir si l’employeur a le droit de le licencier pendant cette période.
En France, le droit du travail offre des protections spécifiques aux salariés en arrêt de travail pour maladie, mais ces protections ne sont pas absolues. Cet article a pour objectif de clarifier la situation et d’aborder les circonstances dans lesquelles un licenciement est légalement possible pendant un arrêt maladie.
Les principes généraux de protection des salariés en arrêt maladie
En France, le droit du travail protège les salariés lorsqu’ils sont en arrêt maladie, notamment grâce à l’article L1226-9 du Code du travail. Cet article dispose que l’arrêt maladie suspend le contrat de travail, mais ne le rompt pas. Cela signifie que le salarié reste lié à son employeur et conserve son poste, même s’il est temporairement dans l’incapacité de travailler pour des raisons médicales.
Pendant cette période de suspension, l'employeur ne peut pas licencier le salarié simplement parce qu'il est en arrêt maladie. En effet, un licenciement dont le seul motif serait l’absence liée à une maladie serait illégal et constituerait une violation du droit du travail. Cela protège le salarié contre des décisions arbitraires ou abusives de la part de l’employeur, et permet de se soigner en toute sérénité sans craindre la perte de son emploi.
Cependant, cette protection n’est pas absolue. Il est important de comprendre que, bien que l’arrêt maladie suspende le contrat de travail, il n’empêche pas toute forme de licenciement. Dans certaines circonstances bien définies, un employeur peut encore licencier un salarié en arrêt maladie. Ces situations incluent, par exemple, un licenciement pour inaptitude, un motif économique, ou une faute grave. Ces exceptions sont cependant strictement encadrées par la loi, et l'employeur doit démontrer que le licenciement est justifié par des raisons objectives et non liées directement à l’arrêt maladie en lui-même.
Les exceptions qui permettent un licenciement pendant un arrêt maladie
Le licenciement pour inaptitude constatée
L’employeur peut licencier un salarié pour inaptitude si celle-ci est constatée par le médecin du travail à l'issue de l'arrêt maladie. Cette inaptitude peut être d’origine professionnelle (maladie professionnelle ou accident de travail) ou non professionnelle.
Lorsqu'il s'agit d'une inaptitude d'origine professionnelle, l’employeur est obligé de rechercher un poste de reclassement adapté aux capacités du salarié. Cette obligation de reclassement est encadrée par les articles L1226-2 et L1226-12 du Code du travail. Si, malgré les efforts de l'employeur, aucun poste compatible ne peut être proposé, alors le licenciement peut être envisagé. Ce processus doit toutefois démontrer que toutes les options de reclassement ont été épuisées avant d'en arriver au licenciement.
Le licenciement pour motif économique
Un licenciement pour motif économique est également possible pendant un arrêt maladie. Cela peut se produire si l’entreprise traverse des difficultés financières graves, nécessite une réorganisation pour maintenir sa compétitivité, ou dans le cadre d’une cessation d’activité.
L'article L1233-3 du Code du travail précise que ce type de licenciement repose sur des causes objectives qui concernent l'entreprise elle-même, et non la situation personnelle du salarié. Le salarié en arrêt maladie ne bénéficie donc pas d'une protection particulière contre ce type de licenciement. En d’autres termes, si l’entreprise se trouve dans une situation financière délicate, elle peut procéder à des licenciements, même si certains salariés sont en arrêt maladie.
Le licenciement pour faute grave
Un employeur peut également licencier un salarié en arrêt maladie pour faute grave. Cela signifie que l’employeur doit démontrer que le salarié a commis une faute suffisamment sérieuse qui rend impossible son maintien dans l'entreprise, même temporairement.
La faute grave est généralement indépendante de l'arrêt maladie lui-même. Par exemple, une insubordination, un vol ou tout autre comportement déloyal commis avant ou pendant l’arrêt de travail peuvent constituer des motifs de faute grave. L’article L1331-1 du Code du travail encadre ce type de licenciement. Il est important de noter que dans ces cas-là, l'arrêt maladie ne constitue en aucun cas un bouclier contre un licenciement fondé sur des motifs disciplinaires.
Le licenciement en cas d’absence prolongée désorganisant l’entreprise
Bien qu’un arrêt maladie ne soit pas un motif légitime en soi pour licencier un salarié, une absence prolongée peut, dans certaines circonstances, justifier un licenciement si elle entraîne une désorganisation importante au sein de l’entreprise. En effet, l’employeur peut invoquer cette désorganisation lorsqu'il est impossible de maintenir le bon fonctionnement de l’entreprise en raison de l'absence prolongée du salarié, nécessitant ainsi son remplacement définitif.
Toutefois, cette justification doit être prouvée par l'employeur. Il doit démontrer que l’arrêt maladie du salarié a un impact réel sur la gestion de l'entreprise. La jurisprudence est stricte sur cette question et encadre ce type de licenciement de manière rigoureuse. L'absence doit être suffisamment longue pour justifier une telle décision, et la désorganisation de l'entreprise doit être clairement démontrée.
La procédure à suivre pour licencier un salarié en arrêt maladie
Si l’une des conditions précitées est remplie, l’employeur devra tout de même respecter une procédure de licenciement strictement encadrée par la loi :
- Entretien préalable : Avant tout licenciement, l'employeur doit convoquer le salarié à un entretien préalable, même si celui-ci est en arrêt maladie (Article L1232-2 du Code du travail).
- Notification du licenciement : La lettre de licenciement doit mentionner clairement le motif. Cette lettre peut être envoyée pendant l'arrêt maladie.
- Indemnités : Selon le motif du licenciement, le salarié pourra avoir droit à une indemnité de licenciement, sauf en cas de faute grave ou lourde.
Quels sont les droits du salarié licencié pendant un arrêt maladie ?
Un salarié licencié pendant un arrêt maladie conserve certains droits :
- Indemnité de licenciement : Si le licenciement est économique ou pour inaptitude, le salarié peut prétendre à une indemnité légale de licenciement (Article L1234-9 du Code du travail).
- Indemnités journalières : L'arrêt maladie n'est pas interrompu par le licenciement, ce qui signifie que le salarié continuera à percevoir les indemnités journalières de la Sécurité sociale tant que son arrêt est médicalement justifié.
- Possibilité de contester le licenciement : Si le salarié estime que son licenciement est abusif ou qu'il est directement lié à son arrêt maladie, il peut saisir le conseil de prud’hommes pour contester la décision de l’employeur.
Conclusion
En résumé, un salarié ne peut pas être licencié en raison de son arrêt maladie, mais un licenciement reste possible dans certaines circonstances précises : pour inaptitude, motif économique, faute grave ou désorganisation de l’entreprise due à une absence prolongée. Dans tous les cas, l’employeur doit respecter une procédure stricte, et le salarié licencié conserve plusieurs droits, y compris celui de contester le licenciement devant les juridictions compétentes.
Ainsi, bien que la protection soit forte, elle n’est pas totale. Un salarié en arrêt maladie peut se voir confronté à un licenciement, mais seulement dans des cas bien spécifiques et encadrés par la loi.
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